Dal 2 al 6 maggio, al Teatro Verdi di Padova, “L’idea di ucciderti” scritto e diretto da Giancarlo Marinelli con Fabio Sartor e Carterina Murino e con Paolo Lorimer, con la partecipazione straordinaria di Paila Pavese (Produzione Ghione).
“In verità, non intendevo scrivere un testo sul “femminicidio” al contrario, o, peggio, sul “maschicidio”. Volevo raccontare una storia sull’amore come arma di distruzione di massa. Sull’amore come trappola mortale.
Sull’amore che dovrebbe essere la negazione di ogni luogo comune. E che invece diventa il più comunemente letale dei luoghi comuni.” Afferma Marinelli.
Le date italiane proseguono la tourneé iniziata in Francia, dove lo spettacolo “Le sang des secrets” ha accolto i favori di pubblico e critica.
Leggiamo insieme un articolo di Christophe Barbier pubblicato sul blog francese L’écharpe rouge
La chemise encore trempée de sang Luca Modin répond aux questions de Giorgia Gagliardi, substitut du procureur. Pourquoi ce directeur de théâtres a-t-il, aussi sauvagement, assassiné son épouse? Comment l’idée lui en est-elle venue? Surtout, où a-t-il séquestré leur fille ? Ne l’aurait-il pas tuée, elle aussi?
Giancarlo Marinelli, déjà remarqué avec Doppio Sogno (Double songe, une adaptation d’un roman d’Arthur Schnitzler), signe et met en scène avec L’idea di ucciderti une œuvre dérangeante et admirablement construite, une sorte de pièce gigogne. Il y a d’abord l’intrigue policière, cet affrontement entre l’accusé et la magistrate, riche de manipulations et de tensions psychologiques. Ensuite, il y a les intimités mêlées des divers personnages, lourdes de secrets. L’avocat commis d’office n’a pas été choisi au hasard par le carabinier de permanence ce soir-là – le robin ne fut-il pas jadis lié à sa mère? La greffière qui assiste Giorgia n’a-t-elle pas quelque remords quand elle est face à sa patronne? Pourquoi une écharpe rouge circule-t-elle à travers le temps, tissée de mystères?
Enfin, il y a un essai sociologique derrière L’idea di ucciderti. À contre-courant des bons sentiments et du politiquement correct qui engluent l’époque, Marinelli s’interroge sur la culpabilité présumée dont on affuble les hommes face aux femmes. Opposés les uns aux autres, ils ont toujours tort, elles sont toujours les victimes. Ici, le meurtrier raconte en détails comment il fut envoûté, manipulé, menacé, humilié et spolié par cette femme fascinante et fatale, Albanaise vénéneuse. Autant de stations sur son chemin de croix, autant de mobiles pour le meurtre, autant de circonstances atténuantes en vue du procès.
Fabio Sartor porte la pièce sur les épaules, en Hercule, en Atlas. Tour à tour veule et courageux, poète et vulgaire, cynique et pathétique, il tient en haleine par sa confession. Les grands meurtriers effraient par leur geste, mais impressionnent par leur cerveau. En face de lui, Caterina Murino est magnifique, alternant la beauté glacée de l’officier judiciaire et le brasier de la séductrice. Car Giancarlo Marinelli confie à cette même actrice les deux rôles: celui d’Elhaida, l’épouse tortionnaire, et celui de Giorgia, la magistrate perspicace; celui de la tortionnaire et celui de la justicière. Ce sont en fait deux visages de la mort, deux figures de la fin que Caterina Murino déploie ainsi. Elle est aussi tranchante et aiguisée que l’accusé se veut rocailleux et brut. Mais la faille est là, celle de la femme qui sait que les souffrances n’ont pas de genre, et celle de la juriste qui sait que la loi n’a pas toujours raison. Il fallait une comédienne de cette trempe pour s’opposer, comme un miroir d’acier, au tonnerre troublant de Fabio Sartor. Et le coup de théâtre final n’est au fond que l’issue logique de ce duel qui n’en est pas vraiment un, car les deux protagonistes se comprennent mieux qu’ils ne le pensent eux-mêmes.
La France gagnerait à adapter L’idea di ucciderti. En effet, par-delà les différences de procédure judiciaire, une commune réflexion balaie l’Occident: comment lutter avec efficacité, et sans relâche, contre les « féminicides », sans tomber dans la mise en accusation systématique de l’homme et l’émasculation de la société ?